Travaillons notre anglais

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Voilà enfin le retour d’Alexis ! Premier refuge à l’accueillir, Gjendesheim !

Les parties en anglais sont faites exprès. C’est un choix d’artiste, certes un peu élitiste, mais qui est là pour plus de réalisme. Et j’ai toujours détesté les BDs qui mettaient des textes en anglais et les traduisaient en bas de page. L’idée ici est de partager le désarroi d’Alexis, si vous ne comprenez pas tout c’est pas très grave.

Autre chose : si j’ai fait des fautes de syntaxe en anglais, n’hésitez pas à me les signaler. Tel Alexis, je ne suis pas vraiment bilingue.

La randonnée démarre enfin

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Après une pause estivale pour s’aérer l’esprit et retravailler le storyboard, il était temps de revenir aux affaires sur Jotunheimen. Ça tombe bien, car c’est justement l’arrivée d’Alexis dans le bien-nommé Jotunheimen qui va relancer la machine. On commence donc enfin la randonnée !

Je profite de l’occasion pour rappeler (ou apprendre) que j’ai ouvert un Tumblr absolument déserté appelé L’atelier de Belzaran sur lequel je mets des crayonnés. N’hésitez pas à y faire un tour de temps en temps. Je signale les publications dessus sur Facebook, mais tout le monde n’y traîne pas !

Un peu de détente après la marche

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Avec la rentrée scolaire, il est temps pour moi de me remettre à Jotunheimen. Mais plutôt que de faire une planche, je me suis dérouillé le poignet en dessinant Laura, elle qui possède une sensualité toute… animale !

Plus sérieusement, comme pour beaucoup d’illustrations, j’en profite pour travailler le trait au pinceau. Si je reviens plus tard à un dessin moins réaliste, j’espère pouvoir réaliser un projet au pinceau, car c’est de loin le trait que je préfère.

Ici, j’ai essayé de bien travailler les épaisseur de trait pour mieux donner les volumes. Par exemple, les traits sont plus épais lorsqu’ils correspondent à une zone plus sombre (souvent vers le bas, assez logiquement). L’un des raté est le haut du mollet du dessus, trop épais alors que très lumineux. Ce n’est pas encore parfait, mais je commence à progresser.  Voilà la version noir et blanc :

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Pour l’aquarelle, j’ai fini par saisir qu’il me fallait poser un fond d’ensemble. J’ai donc acheté le pinceau adéquat et les illustrations ont ainsi un peu plus d’ambiance. Il faut ajouter à ça que je dessine mes aquarelles uniquement sur du papier 300g/m² pour que ça arrête de gondoler. Je mets beaucoup moins de temps à scanner et à retoucher ensuite.

Sous la douche

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De retour de vacances, où le dessin n’a pas été au centre de mes préoccupations. Mais malgré tout, j’ai réalisé quelques illustrations de Laura, des croquis de vacances, du storyboard…

Évidemment, les illustrations de Laura la montre en petite tenue (allez savoir pourquoi). Ici, la voilà partir sous la douche, pudiquement en maillot de bain. Le tout au pinceau, c’est plus sensuel.

La deadline est lancée pour le festival Quai des bulles de Saint Malo et son concours jeune talents. J’ai n’ai qu’une petite semaine pour réaliser deux planches… Youhou ! D’ailleurs, si des Bretons sont parmi vous, sachez que je me rendrai à Saint Malo cette année (en tant que lecteur bien évidemment).

Un peu de symétrie

Larticle_analyse‘intérêt de travailler sur une bande-dessinée à la mise en page « classique » est de pouvoir la modeler. La mise en scène se révèle alors plus ambitieuse et permet des expérimentations plus intéressantes que le simple alignement de cases ou le gaufrier.

Retour sur la dernière planche publiée de Jotunheimen (la seizième donc). Cette page est destinée à montrer le personnage effectuer une correspondance en car au milieu de nulle part. Voilà le magnifique scénario correspondant tel qu’il est griffonné dans mon classeur. Si vous voulez éviter les spoils, ne lisez pas tout en bas (même si ça ne raconte pas grand chose).

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Le cheminement est donc le suivant :

  1. Alexis est dans le car n°1
  2. Alexis descend du car n°1
  3. Alexis attend le car n°2
  4. Alexis monte dans le car n°2
  5. Alexis est dans le car n°2

On remarque à la simple lecture du cheminement qu’il y a une symétrie centrale dans cette page. Le point 3 est le point de symétrie de la scène. J’ai ainsi eu l’idée de créer un point de symétrie également dans la planche. Et cela, dès le début. Car votre esprit aiguisé a tout de suite remarqué, dans le scénario, le détail suivant :

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Même si cela ne change pas grand chose dans la lecture, il me semble que ce genre d’effet crée, inconsciemment, un renforcement de la narration.

De la bande-dessinée en palindrome.

C’est en lisant l’ouvrage « Lire la bande dessinée » de Benoît Peeters que je découvre cette construction, dite en palindrome, des planches ou des albums. Pour rappel :

Palindrome : figure de style désignant un texte ou un mot dont l’ordre des lettres reste le même qu’on le lise de gauche à droite ou de droite à gauche.

Deux récits sont alors cités, qui vont me marquer. Le premier, assez incroyable, est « The Upside-Downs of Little Lady Lovekins and Old Man Muffaro » de Gustave Verbeek (même le titre de l’oeuvre semble être à double-sens…). L’auteur propose 64 planches de 6 cases qui peuvent être lues à l’endroit ou… à l’envers ! La prouesse de narration et graphique est incroyable !

Verbeek

Dans la même lignée, les frères Luc et François Schuiten proposent, pour le troisième tome de leur série « Terres creuses » un ouvrage ou il existe un basculement en milieu d’album. Les planches deviennent alors symétriques aux précédentes. Après 36 planches, on passe à la planche 36′, puis 35′, etc. Le titre, « Nogegon » est d’ailleurs un palindrome.

nogegon

Plus modestement, je me suis appliqué à l’appliquer sur une planche où cela me paraissait pertinent. Alexis devient donc le point central et de symétrie de la planche. C’est ainsi que j’aboutis à un storyboard qui reprend cette idée.

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Je vous laisse apprécier les différences avec la planche finale, souvent mineures mais essentielles :

  • Case 2 : la vue de loin permet de montrer qu’on est dans un coin perdu
  • Case 3 : la vue de face crée un face-à-face entre Alexis et les autres passages. Cela renforcement son isolement, mais aussi sa différente façon de voyager.
  • Case 5 :  simple changement de côté pour éviter la redondance avec la case 6 (particulièrement visible sur le storyboard !).

Le résultat est le suivant, avec le point de symétrie central :

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Le comparatif case à case rend la symétrie encore plus évidente. Le premier parallèle montre Alexis assis dans le car. Ce sont les « avant » et « après ».

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Le deuxième parallèle montre le dialogue Alexis-chauffeur. Alexis est dans le questionnement, une pointe de stress. Le chauffeur est, lui, évidemment, dans la décontraction, créant un décalage et renforçant l’image d’un personnage un peu angoissé sur les bords.

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Le troisième parallèle montre des cases sans dialogues, où le contraste entre le car et Alexis est mis en avant. Le héros apparaît en grisé, se situant dans un plan clairement différent que le car. Cela renforce l’isolement, Alexis ne se sentant plus en sécurité une fois hors du car, le véhicule étant vu comme un forme de cocon protecteur.

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La case centrale, qui sert de point de symétrie, sort du cadre pour imposer sa présence. Elle sert également d’axe de symétrie : la partie haute et basse se répondent de façon évidente (le haut pour le premier car, le bas pour le deuxième).Symetrie_05

L’usage d’une case longue et peu haute permet d’intensifier l’impression d’isolement du personnage.

Cette planche a été conçue d’une manière particulière. Plus originale que la plupart des planches, il est bon d’intégrer ce genre de réflexion à la création, afin de pousser un peu plus loin son projet. Pour cela, rien de mieux que de lire et relire de grandes bande-dessinées et des ouvrages d’analyse de ces mêmes ouvrages. Ça stimule l’imagination et pousse à être plus ambitieux pour ses projets, fussent-ils confidentiels.

 

Quelques sources sur les projets cités :

Lire la bande-dessinée de Benoît Peeters
Un livre passionnant à lire absolument ! Cela regroupe les analyses des planches et ouvrages les plus novateurs de la bande-dessinée. Très stimulant pour les auteurs.

Critique de Nogegon de Luc et François Schuiten chez kUlturOpat.

Laura, ce personnage insaisissable

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Laura est un personnage qui apparaît immédiatement dans les premières moutures de Jotunheimen. Et pourtant, que de difficultés pour fixer son apparence ! Des recherches à foison et je n’étais toujours pas décidé. Après l’avoir imaginée féline, elle s’était révélée rongeuse. Mais impossible de la dessiner toujours de la même façon. C’était un véritable problème technique.

Malgré l’adoption de mon « nouveau » style graphique, j’aurais du être capable sans souci de relever le défi plus de 6 mois après le commencement du projet. J’ai donc passé mon week-end à la dessiner et je l’ai désormais en main. Ouf !

Les croquis sont présentés dans l’ordre chronologique. J’ai validé les cinq derniers. Hé oui ! Maintenant elle a des lunettes. Car femme à lunettes… Mais chut ! Je ne voudrais pas vous spoiler !

Éteindre la télévision

makingofAprès avoir refait la deuxième case de Jotunheimen, une autre case se devait d’être retravaillée. La problématique restait la même : incapable de faire ce que j’avais en tête au départ, j’avais modifié l’idée de départ et le compromis ne s’est pas révélé satisfaisant.

Même si on pourra m’accuser d’être obsédé par la perspective, c’est encore à une case vue de profil que je m’attaque. La case en soit est efficace. On voit Alexis en train de regarder la télévision, allongé dans le lit. Mais voilà que mes lecteurs me font des remarques pertinentes :

« Tu fais une perspective à 2 points de fuite première case, une à un dans la seconde et une à 0 ! pour la troisième !? Du coup la troisième ça fait un peu hiéroglyphe.» Madmarigan

« La case finale (…) fait redondance avec les positions de la planche précédente, quand il est assis à peindre. Même orientation, même point de vue.» Isangeles

L’explication en image :

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Même si dans la bande-dessinée, ces deux planches ne seront pas en vis-à-vis (mais devant-derrière), cela pose problème. Surtout, dans l’idée de départ, on voit Alexis regarder la télévision, celle-ci se retrouvant au premier plan. J’avais donc choisi une solution de facilité, n’arrivant pas à réaliser cette case. Je suis donc reparti en quête de cette case telle que je l’avais imaginée et crobardée sur mon storyboard.

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Je me suis aperçu qu’il était plus facile de trouver une photo de référence de quelqu’un lisant au lit plutôt que quelqu’un qui regarde la télévision. Or, la lecture est plus cohérente ici pour le personnage d’Alexis. La télévision en Norvège, voilà quoi…

J’ai posé les deux points de fuite et une fois les meubles dessinés, il n’était pas bien difficile de dessiner Alexis dans son lit. J’ai pu aussi mieux anticiper les récitatifs et placer les textes de façon plus naturelle. Ils comblent les vides.

Voilà le résultat final :

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Ce sera tout (pour le moment ?) concernant les refontes des cases précédentes. Il est temps de travailler sur les décors naturels qui remplaceront les architectures lorsque la randonnée commencera !

 

Une mise en perspective

makingofRefaire une case, c’est toujours difficile. Surtout qu’on a l’impression d’ouvrir la boîte de Pandore : rapidement, on s’aperçoit que tout serait à refaire ! Il faut alors savoir être pragmatique et ne refaire que ce qui nous paraît impossible à garder. Tout en sachant que ces choix sont bien entendu discutables…

En cette période de congés scolaires, j’en profite pour retoucher certaines planches. Ici, c’est le deuxième case de l’album qui est remise en cause ! Cette case m’avait posé énormément de problème au dessin, puisque je n’avais pas réalisé ce que j’imaginais au départ en storyboard. Devant la complexité, j’avais simplifié la case. Pire encore, la colorisation avait été une véritable torture. Bref, il fallait reprendre tout ça. Voilà, en gros, ce qui n’allait pas :

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Surtout, l’ensemble est terriblement plat. J’ai donc repris mon idée d’origine, qui est moins centré sur les personnages (ici, sans véritable intérêt), mais sur le lieu. L’inspiration est le Décathlon rive gauche (13ème arrondissement). Impossible d’avoir une image correcte sur Google Maps, j’ai fini par trouver quelque chose dans l’idée :

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Impossible de trouver le copyright pour cette photo. Google Maps/Streets semble-t-il.

C’est donc une jolie perspective à deux points de fuite. Pour éviter la redondance avec la première case, le point de cassure sera plus à gauche. En voilà le dessin actuellement :

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Le problème posé ici est le vide côté droit. On y trouvera cependant l’entrée du magasin (qui cassera la perspective), le gorille/vigile. Surtout, cela me permet d’ajouter Alexis qui marche dans la rue et apparaît donc logiquement dans l’album à ce moment-là. C’était l’un de manques de la première version. Pour habiller le tout, j’ai aussi ajouter un pigeon qui vole (car le côté haut/droit de la case est très vide) et le même scooter en avant plan. Mais après réflexion, il semble que le scooter, vue la perspective, soit en train de voler…

J’ai aussi pu profiter de la planche pour travailler la perspective en damier, qui permet de faire en sorte que les fenêtres aient l’air plus petites plus elles sont loin. Avant je le faisais au feeling et mon feeling était assez mauvais. La technique utilisée est très simple à mettre en place et va vite (aussi vite qu’en le faisant au juger).

On voit bien les diagonales tracées sur le crayonné. Pour ceux que ça intéresse, j’ai utilisé le tutoriel très simple d’eMangaka. 

Maintenant que tout est posé, reste à fignoler tous les détails : les personnages bien entendu, mais aussi l’intérieur (ou pas ?) des vitrines. Car la perspective donne vite un aspect froid et trop rectiligne qu’il faut savoir casser en ajouter des détails opportuns aux bons endroits.