Aujourd’hui, je vous explique ma nouvelle façon de travailler les planches, en prévision de La Prépa. Pinceau, aquarelle et table lumineuse au programme !
La Prépa est un défi technique pour moi. À chaque projet, j’aime changer de façon de faire. Cela permet de progresser, mais aussi d’éviter la lassitude. Ainsi, un petit rappel de mes dernière réalisations permet de comprendre mes pulsions de changement :
- Le Modèle Vivant : format A4, plume, noir & blanc
- Salle des Profs : format A3, plume, aquarelle
- L’Éveil des sens : format carré 21×21, plume, noir & blanc
- Jotunheimen : format A3, plume, couleurs numériques
- La Prépa : format A3, pinceau, aquarelle
Si la technique s’adapte au sujet, ce n’est pas forcément toujours le cas non plus… Je n’étais pas satisfait des aquarelles de Salle des Profs, j’ai laissé tomber. Depuis, j’ai mûri, notamment grâce aux illustrations de Laura, et l’acquisition d’une table lumineuse m’a permis d’envisager différemment la création de planches en couleurs directes.
L’utilisation du pinceau n’est pas un rejet de la plume. La plume me convient sur beaucoup de points, mais le trait au pinceau a toujours été mon préféré. Parmi ceux qui m’ont donné envie de faire du pinceau, il y a Jeff Smith avec Bone, mais aussi Laurel, Craig Thomson et plein d’autres.
Pour tester ces techniques, j’ai scénarisé une planche de Tout à l’Ego, ma bande dessinée façon tranches de vie que j’avais abandonné il y a 5 ans… Il fallait donc retrouver certains automatismes d’écriture pour faire un scénario en une planche avec, si possible, une chute et de l’humour… C’était l’occasion de retrouver Petit Hippo, un personnage qui avait marqué en son temps mes lecteurs. J’en ai alors fait une version moderne, plus proche de ma façon de dessiner actuelle.
Auparavant, j’écrivais mes textes à la main sur la planches avant de les remplacer par un police de caractère personnalisée sur Photoshop. Le problème était mon écriture qui n’était pas toujours homogène. Désormais, j’imprime les textes à taille réelle et je forme les bulles grâce à la table lumineuse.
Tout ça me permet de dessiner les bulles, dont le placement est essentiel sur une planche pour une narration fluide :
Je réalise alors le crayonné comme à mon habitude sur une feuille A3 assez épaisse (250g/m²). C’était le format déjà de Jotunheimen.
Ensuite, j’encre au feutre pinceau Pentel à la table lumineuse, sur une nouvelle feuille, toujours en A3, mais plus épaisse pour supporter l’aquarelle (300g/m²). Cela me permet de garder le crayonné, mais surtout d’avoir un encrage très propre pour poser l’aquarelle dessus. Il n’y aura donc pas de traces de crayon sur la planche définitive. Et surtout : pas de besoin de gommer !
L’encrage au pinceau est plus délicat. Il se fait plus épais mais les déliés sont plus important et donnent du dynamisme et de caractère au dessin. Avec un pinceau, je suis moins précis qu’à la plume, mais le résultat est moins froid.
On passe ensuite à l’aquarelle pour faire les couleurs. Si jamais je rate mes couleurs, je peux reprendre une nouvelle page pour refaire une case (encrage, puis couleur de nouveau). C’est le risque, bien évidemment, de la couleur directe.
Ici, la taille du texte peut paraître petite, mais mes planches sont prévues pour l’impression. Or, une fois imprimé en A4, la taille est tout à fait correcte. D’où l’importance de bien anticiper le format sur lequel on va imprimer ensuite…
J’ai ensuite voulu tester une autre ambiance pour la dernière case. Je voulais intensifier l’idée que c’était la nuit, juste avant de se coucher, et focaliser la lumière sur le visage du personnage de Belzaran. J’ai repris ma table lumineuse, encrer une nouvelle fois la case sur un autre papier (pour tester les différents types de grain) et coloriser le tout :
Selon moi, le test n’est qu’à demi réussi. J’aime bien l’idée de la case bleutée, mais elle est ici trop claire, pas assez contrastée, pas assez puissante. Du coup, elle casse l’harmonie des couleurs de la planche plus qu’autre chose… Voilà une case qui mériterait d’être refaite… une troisième fois !
La progression de ton travail est remarquable ! Quel chemin parcouru, je suis sincèrement très admiratif !
Un vrai chemin… de pèlerin ?
ALALALALA la table lumineuse !
Que de souvenirs ! Au début (tout début hein) j’utilisais une fenêtre (véridique !). Je scotchais mon crayo sur la vitre et en tenant la feuille vierge ou en la scotchant aussi j’encrais comme ça, debout, le radiateur me chauffant le bas ventre l’hiver (ce qui n’est pas forcément désagréable). Bon forcément le soir, c’est plus possible ! Voyant que cette technique était bien cool (effectivement plus de gommage et on conserve le crayo ce qui permet de recommencer en cas d’erreur) j’en avais bricolé une avec une plaque de verre posée entre deux tables et une lampe de chevet. Bon ça marchait mais c’était bricolo. Alors j’ai acheté une table ordinateur avec plateau en verre chez Conforama et j’ai adapté une source lumineuse sur ce qui est normalement le tiroir du clavier. Là ça marchait super bien !
Puis …….. est arrivée la CINTIQ ! Tablette écran ! Finis plumes, pinceaux, taches et gomme. Travail numérique, rapide, propre et souple. J’aurai du mal à faire machine arrière. Et les fois où néanmoins je dessine sur papier je ne fais plus de crayonné ! problème réglé !
Tu parles de déliés plus importants avec le pentel…. c’est vrai mais j’avais fini par trouver des plumes souples qui offraient de beaux résultats. Après faut recharger souvent et là c’est vite galère pour conserver un encrage homogène.
J’étais donc moi aussi passé au feutre pinceau pentel. un peu cher à l’usage mais quand même ….. les beaux applats de noir !
Pour la gomme j’avais résolu le problème des pelures en passant à la gomme mie de pain. Géniale sur plein de points notamment le fait qu’elle ne graisse pas le papier.
Bon allez je me remets au taf. Quand je bavarde comme ça sur un commentaire c’est que je procrastine un peu !
Alors quelques remarques :
– je gommais déjà à la mie de pain. Le problème n’est pas les rognures mais l’acte en lui-même
– une cintiq a un prix qui n’est pas le même que des crayons et du papier
– je passe ma vie sur un ordi, je préfère dessiner sur du papier
– comment vendre des originaux le jour où je serai célèbre, hein ?
– en effet, la plume pose le problème de l’homogénéité de l’encrage…