Ce qui m’inquiétait le plus lorsque j’ai commencé Jotunheimen, c’était le dessin de paysages. Si j’avais appris petit à petit à gérer les espaces urbains grâce à la perspective, c’était complètement différent pour des montagnes vide de toute construction humaine. Et la page 24 me réservait une surprise que j’avais coché depuis bien longtemps dans mon scénario : une case grand format représentant une vue complète sur la vallée suivante… Comment relever ce défi ?
Quand je dis que j’avais anticipé dès le début que cette planche risquait de me donner des sueurs froides, j’en ai même la preuve ! Avant d’avoir dessiné une seule planche, j’avais effectué un test d’encrage sur le même paysage, ne sachant pas à ce moment-là comment gérer ce genre de dessin.
Témoin de mes errances et questionnements en début de projet, j’avais également fait un essai de grande illustration paysagère pour m’entraîner et voir si cela tenait la route. C’était loin d’être satisfaisant…
Mais en accumulant les planches avec des paysages, je commence à assouplir mon poignet et à donner plus de vie à l’ensemble. Surtout, je prends beaucoup de plaisir à délaisser la règle servant à tracer mes perspectives. Ici, tout est souple, tout est rond et tout le monde aura bien conscience que j’ai toujours eu un trait rondouillard. C’est clairement ce qui me convient le mieux. Restait le souci d’enrichir les détails au sol intelligemment. Heureusement, une case de la planche précédente m’a obligé à travailler le tout :
Cette case devait être pleine de cailloux (et sans herbe), tout en montrant la grandeur des lieux (via l’arrière-plan). C’était avant tout une question de patience. Il fallait poser des gros rochers bien identifiés et aux formes diverses, puis remplir de petits cailloux.
Pour mon paysage, la construction du crayonné s’est fait de façon assez simple. J’ai posé les grandes masses, puis je suis monté peu à peu en détails : herbes, roches, cailloux, etc. Et à la fin, j’ai affiné les traits pour voir où j’allais réellement encrer. J’ai également défini les masses pour l’encrage des matières.
Au niveau de l’encrage, j’ai utilisé trois plumes différentes :
- Une grosse plume pour l’avant-plan
- Une petite plume usée pour les plans intermédiaires et les textes
- Une petite plume neuve pour l’arrière-plan.
J’ai commencé par les textes et l’avant plan :
J’ai ensuite réalisé l’arrière plan. On remarque que j’ai laissé la masse de rocher de droite en crayonné jusque là. Pour moi, cet espace est critique puisqu’il doit bien se détacher de la masse de montagnes juste derrière.
Pour bien représenter cet enjeu, voilà ce qu’il faut éviter.
Cette distinction des masses passe par l’encrage. Deux aspects permettent alors à l’œil de bien faire la différence :
- L’épaisseur du trait
- Le niveau de détails
Le résultat, comme vous l’avez déjà vu, est donc le suivant :
On voit que l’avant plan s’est enrichit de textures de matères. Certains détails sont faits avec une plume fine, contrairement aux contours plus larges des rochers par exemple.
Super ce making of, c’est très utile de te lire, comme toujours!
Je trouve la case finale bien réussie et j’ai bien envie de mettre en pratique ton changement de plume 🙂
Vivement la suite des défis!
PS : gaffe une erreur d’orthographe s’est glissée dans ton dernier paragraphe en gras : « voilà une planche que j’attendais de terminER » 😉
A très vite!
Le changement d’épaisseur de trait m’a été souvent reproché (conseillé ?). Donc j’ai fini par m’y mettre.
Intéressant à lire, c’est d’ailleurs une critique que l’on m’a faite plusieurs fois. Le fait d’utiliser le même trait pour l’avant et l’arrière, le fait de détailler autant l’avant que le fond rend finalement mes cases plates. J’ai de nouveau l’illustration ici de l’importance de changer de traits en fonction des plans.
En tout cas cette case est une réussite.
Bonne continuation.
J’ai eu droit aux mêmes remarques !
je suis toujours épaté par la masse de travail que tu fournis et par l’évolution de ton dessin, c’est toujours de mieux en mieux !
Heureusement que ça s’améliore ! 😉