Depuis toujours, je dessine des animaux pour mes bande-dessinées. Cette passion, je l’ai déjà expliquée, notamment pour les lapins. Alors que je commençais à entrevoir de nouveaux récits animaliers, le film de Disney, Zootopie, vient de relancer ma passion avec, entre autres, une sérieuse remise en question graphique.
Pour cela, un petit retour en arrière s’impose. En 2013, je travaillais sur un projet, L’Ultime Symphonie. Le fait que mes personnages y soient des animaux avait un véritable sens. Je me lançais alors dans une caractérisation plus poussée de ces derniers, avec de nombreuses recherches plus ou moins réussies. Finalement, le projet sera mis de côté pour une durée indéterminée. Trop ambitieux à l’époque, il l’est toujours aujourd’hui ! On parle d’une saga d’héroïc fantasy avec tout un univers à construire…
Avec Jotunheimen, j’ai poussé le réalisme du dessin au plus loin de mes capacités. Cela a eu tendance à humaniser d’autant mes personnages, les faisant parfois ressembler à des humains avec des oreilles d’animaux... J’essaie de corriger régulièrement cet effet, mais force est de constater que ce n’est pas probant.
L’année dernière, en travaillant sur les recherches de Jotunheimen, je découvrais la bande-dessinée Solo par Oscar Martin. Véritable claque graphique, elle me poussa à caractériser plus en avant les personnages. Malgré la progression, cela restait insuffisant et assez éloigné de mes souhaits.
Faire le deuil du lapin.
La sortie du tome 2 de Solo m’a mis une nouvelle claque ! En parallèle, le film Zootopie de Disney en rajoute une couche sur l’anthropomorphisme. Même si je ne changerai pas rien pour Jotunheimen, cela a pour effet de relancer mes envies d’améliorer mon graphisme et ma façon de dessiner ces personnages mi-animaux, mi-humains. Mais surtout, cela me donne envie d’écrire des histoires où le choix des animaux ont un véritable sens, autre que graphique. Le choix d’Alexis en lapin a avant tout été fait par habitude. Le lapin correspondait plutôt bien au personnage, mais était-ce vraiment le meilleur choix ? Il devient de plus en plus évident qu’il me faudra, un jour, faire le deuil du lapin.
Au-delà de l’aspect graphique, j’ai aussi envie d’explorer le monde des animaux, un peu comme Benjamin Renner le fait avec Le grand méchant renard (ou Un bébé à livrer). À part L’Ultime Symphonie, je n’ai pas grand chose en stock dans le genre. Mais ça peut être un intégration des codes animaliers dans une histoire classique, comme dans Blacksad. Dans le tome 2, la couleur du pelage des animaux crée un racisme blanc/noir. Ainsi, l’animal choisit donne donc du sens à sa condition. Dans le même genre, la série Alvin (de Dillies et Hautière) intègre le fait que les animaux à bec subissent des discriminations.
Faire des recherches, encore et encore.
Il y a cependant beaucoup de façons de dessiner un animal anthropomorphe. Ainsi, je me suis lancé dans de nouvelles tentatives graphiques, utilisant Laura comme modèle (tant qu’à faire). J’y expérimente aussi le trait au pinceau et cela me fait travailler l’aquarelle. Car, pour mon prochain projet, j’aimerais vraiment utiliser le combo pinceau/aquarelle pour la réalisation. J’ai encore deux ans pour bosser dessus !
Comme on peut le voir sur le dessin, j’ai encore beaucoup de mal à dessiner d’après modèle (on ne s’excite pas, il s’agit d’une photo) sans être trop proche du réalisme. Finalement, dessiner en semi-réaliste est vraiment difficile. Où mettre la limite ? Sur le deuxième dessin, je me suis un peu mieux affranchi du modèle.
Comment? Le deuil du lapin? Nom de nom, c’est la fin d’une époque! Qui sait on aura peut-être un peu de rable avant la fin 😉
J’ai toujours trouvé que ton parti-pris de dessiner des animaux était un beau défi et un très bon moyen de caractériser les visages et les comportements. Je n’avais pas vraiment réfléchi à la place qui peut leur être faite au sein même de l’histoire comme tu l’indiques. Pousser les codes animaliers me semble source de très bonnes pistes!
D’autre part, je me suis toujours demandé concernant ton travail aquarelle / pinceau, dans quel ordre opère tu?
Crayonné puis aquarelle, gommage et enfin pinceau? Ou crayonné, pinceau, gommage puis aquarelle?
En tous cas c’est un outil qui te va bien et qui fait plaisir à voir!
Pour la partie animalière, ce sont des pistes à prendre en compte. Mais par exemple, j’ai toujours apprécié que dans Lapinot, le même personnage boive du jus de carotte et ait des grands pieds par exemple…
Niveau technique : crayonné -> encrage -> gommage -> aquarelle.
Problème : avec le pentel (qui utilise une encre de chine diluée), ça enlève sacrément du pep’s aux noirs quand je gomme.
Le deuil du lapin. 🙁
Je vais fiche le désordre… et vous libérer ! 😀
Suivant les cultures, les époques, les animaux ont pu se voir attribuer des qualités opposées.
Le lapin est… un animal copulateur extrême, un être doux, un coprophile, etc.
Si on lui adjoint le lièvre, il peut à la fois être un animal rapide et un lâche.
Le lion: la noblesse, etc.
Mais le lion (mâle) est aussi une grosse feignasse qui laisse sa femme (les lionnes) ramener la bouffe.
Le serpent: Europe: perfide, porteur du péché, etc.
Mais Chine: droiture, volonté, sagesse, sagacité.
Bref, je pense que ton choix des animaux doit être le tien.
C’est une bonne remarque, mais dans les faits je dessine en France pour des lecteurs majoritairement franco-suisso-belges ! 😉
La différence lièvre/lapin m’a souvent été faite en effet, elle est vraiment pertinente pour le coup !
Au-delà du caractère, ce sont aussi les caractéristiques physiques qui entrent en jeu : souvent, en anthropomorphisant un lapin, on lui fait de grosses joues… Et je ne voulais pas de ça pour Alexis.