Hier, j’ai fait du tri dans mes affaires. Pochettes, carnets, cahiers… J’ai fouillé et reclassé tout ça. C’était comme creuser dans mes anciens projets. Il m’est apparu que de nombreux projets de tome 2 de mes histoires avaient poussé sans que jamais je ne passe le cap. Pourquoi ? C’est l’occasion ou jamais de vous présenter mes archives. Outre le fait que je suis un grand amateur de one-shot aujourd’hui, chaque projet de suite avorté à ses propres raisons. Je vous les détaille ici.
Pour bien comprendre tout ce que je raconte ici, je conseille aux nouveaux venus un petit passage par la case Projets !
Salle des Profs 2
Ce projet est certainement le plus intéressant à analyser. Salle des Profs a été la BD qui m’a apporté le plus de notoriété sur la toile. Il m’a permis notamment de publier une histoire sur Vie de Merde, ce qui a constitué à mon sommet en terme de visibilité. Difficile d’abandonner le tout. Et pourtant l’aventure n’aura duré que 6 mois, puisque je mis fin au projet après (seulement) 41 pages.
Les raisons de l’arrêt ont été notamment les remarques de collègues (dessinés dans l’ouvrage) qui trouvaient que les derniers chapitres étaient moins réussis et que le BD s’essoufflait. Du coup, lorsque j’ai arrêté la BD, j’avais d’autres chapitres prévus, certains partiellement scénarisés. Forcément, quand je retombais dessus, l’envie me prenait de m’y remettre… Surtout que les sirènes du public m’appelaient : avec un sujet pareil, mon audience serait forcément plus grande…
Avec le temps, cette idée de suite s’est transformée en une idée de reboot. Refaire l’ouvrage, corriger les erreurs et travailler plus en avant les personnages. À l’époque, j’avais voulu coller à la réalité de mon établissement d’exercice en faisant apparaître des vrais collègues. Pour le refonte du scénario, je voulais limiter les personnages et les identifier plus fortement (le prof de SVT, de français, de maths, etc.). En substance, l’idée de cette refonte était l’édition. Comme je ne souhaite plus chercher à être édité aujourd’hui, ce projet a perdu de son intérêt.
Il m’est aussi venu à l’idée de faire un ou deux chapitres supplémentaires, comme une édition augmentée. Mais mon dessin ayant évolué, j’aurais du mal à retrouver le style de l’époque, notamment pour les couleurs.
Au final, Salle des Profs revit dans mes cartons avec un tout nouveau projet différent dont le nom actuel est Le Collège de l’Apocalypse. Récit post-apocalyptique, il montre un groupe d’enseignants cherchant à survivre dans un collège où les élèves veulent les abattre. Les influences sont plutôt à chercher chez Fluide Glacial. Le contexte permettrait de parler du milieu enseignant aussi, chaque chapitre se passant dans un lieu emblématique (actuellement dans le projet : le CDI, les salles de sciences, la cantine, le gymnase). Ce projet m’emballe vraiment, il a un beau potentiel. Et faire de l’humour me manque parfois.
L’Éveil des Sens, T2 : Le collège
C’est finalement le seul de mes livres qui était déjà à l’origine prévu en deux tomes. Après un premier ouvrage consacré aux découvertes sentimentalo-sexuelles du petit Boris, le tome 2 devait parler du collège. Après avoir vérifié que j’avais matière à raconter des choses (qui parleraient aux autres, mais présenteraient aussi suffisamment de surprises et de particularités), j’ai commencé à découper le livre en scènes.
Peut-être est-ce parce qu’il est plus difficile à assumer la partie collège (avec son lot de masturbations frénétiques) que je ne me suis pas lancé là-dedans. Le premier tome, bien qu’intime, avait l’innocence de l’enfance. Le tome 2, beaucoup moins. Peut-être qu’il faudra que je prenne de l’âge pour accepter de le réaliser.
Niveau dessin, comme le premier tome était en noir et blanc et mon style assez simple à reproduire, je pourrais très bien m’y remettre demain. Je pourrais d’ailleurs certainement, comme le premier, le réaliser assez vite.
Je ne vous montre pas mes archives : cela correspond à 3 pages avec la liste des différents événements. Je ne souhaite rien spoiler, on ne sait jamais…
Inchnadamph
Jotunheimen était mon premier réel récit de fiction. Certes, Le Modèle Vivant n’avait rien d’autobiographique, mais son jeu permanent avec l’ambiguïté réalité/fiction lui donnait un côté à part. Ainsi, après les aventures norvégiennes d’Alexis et Laura, je devais abandonner pour la première fois des personnages.
Pendant la réalisation de l’album, je prends conscience que je voudrais peut-être, plus tard, en faire une suite. Comme à l’époque, je sais que je vais partir en voyage en Écosse, je change le personnage de Laura. D’abord irlandaise, elle devient écossaise. Comme ça, Alexis pourrait aller lui rendre visite… C’est donc pendant mes vacances en Écosse que je travaille un nouveau scénario censé prolonger cette histoire. L’idée est de répondre à la fin ouverte du livre tout en gardant, en substance, la randonnée. Mais ai-je de quoi écrire une nouvelle histoire ?
J’ai beaucoup avancé sur ce projet. C’était une sorte de copie de Jotunheimen avec les questionnements à creuser suivants :
- Alexis a pris son année sabbatique pour se lancer dans le dessin. Il a publié un livre. Où en est-il aujourd’hui ?
- Alexis arrivera-t-il à peindre l’Écosse ? (franchement, c’est super galère)
- Qui est vraiment Laura ? Que fait-elle ? Comment vit-elle ?
- Alexis aimera-t-il vraiment repartir en randonnée ?
- Alexis et Laura vont-ils finir ensemble ? (question cruciale pour les lecteurs, non ?)
Je suis arrivé avec tout cela à développer des scènes, des nœuds dans l’intrigue, le tout inspiré de mes propres expériences de randonnée sur place. Sauf qu’avec cette histoire itinérante (qui présentait les Highlands), j’avais vraiment l’impression désagréable de refaire la même chose. J’ai bien tenté une façon complètement différente d’envisager les choses (où ils seraient bloqués par les intempéries dans un refuge), mais ce fut insuffisant.
Graphiquement, j’avais un grande envie de continuer leur histoire. En effet, après 10 ans à changer de technique, à affiner un style, j’avais avec Jotunheimen touché à une certaine maturité dans mon dessin. Redémarrer sur autre chose me fatiguait d’avance. J’allais encore me retrouver avec des premières planches bancales. J’avais envie de réaliser un album qui se tiendrait graphiquement de bout en bout… Mais le naturel reprend vite le dessus et j’avais envie de nouvelles expériences et je changeais complètement de façon de faire pour La Prépa.
Tout ce vécu en Écosse, je m’en suis servi pour mes nouvelles dans Chemins Détournés.
Le cas particuliers des refontes
Ce ne sont pas des tomes 2, c’est l’envie de recommencer. Un projet avorté ou de jeunesse qui n’a pas pu montrer tout ce qu’il avait dans le ventre.
Le premier est La Chasseuse d’Hommes. Une histoire courte démarrée et arrêtée, puis recommencée et terminée. Une histoire longue commencée puis arrêtée… Le projet est toujours dans les cartons, il mûrit. Je ne sais toujours pas si je veux le dessiner ou en écrire le roman. Je crois vraiment dans le potentiel de l’univers que j’ai créé. Un jour, c’est sûr, il y aura un livre là-dessus ! Pour info, j’ai un classeur entier dédié au projet.
Le deuxième est Le Modèle Vivant. Pourquoi ? Ce livre est le one-shot parfait, personne n’attend une suite. Mais Le Modèle Vivant est pour moi mon projet le plus ambitieux, tant au niveau narratif que graphique. Pris d’une crise existentielle à l’époque, je rejette le principe de faire de la BD pour un blog et me lance du jour au lendemain dans un projet façon « nouvelle bande-dessinée » alors que la découverte de David B. me rappelle que mes amours (de l’époque notamment) sont autour d’une BD exigeante et graphiquement inventive. Cette idée se retrouve d’ailleurs très bien dans les premières planches, moins ensuite.
Première histoire longue, j’ai beaucoup appris en la réalisant et il y a des erreurs que je ne commettrai plus. Bref, j’ai souvent envie de reprendre ce scénario, de le retravailler et de l’enrichir graphiquement. Et surtout, de le réaliser avec mes moyens actuels. Sans doute est-ce une erreur. Je fais une bande-dessinée plus classique aujourd’hui, c’est une envie qui s’est imposée à moi. Mais j’espère avoir un jour un projet qui me poussera à aller plus loin dans la narration. Actuellement, je fais des BDs avec un fonctionnement purement chronologique et j’aimerais essayer autre chose.
Je n’ai pris aucune note de ce projet de refonte. C’est avant tout une nostalgie de ma période expérimentale. Rien qu’en écrivant ce texte, je me demande pourquoi je fais une histoire sur des jeunes filles en prépa… C’est ma petite crise existentielle régulière. Qu’est-ce que j’apporte vraiment à la BD ?
Le temps passe, les envies changent
Cette absence de tome 2 est lié à mon statut d’amateur. Mes envies changent, mon niveau graphique ne cesse d’augmenter et de s’affiner, je découvre encore de nouvelles techniques… Mais ce sont surtout mes goûts qui changent. Je lis beaucoup de BDs et de beaucoup de genre différents, aidé par mon entourage, grands lecteurs de bande-dessinée et les bibliothèques. Mes lectures éclectiques me font changer de goût années après années :
- À mes débuts, je découvre les blogs et fais de l’autobiographie comme beaucoup. J’aimais beaucoup Les Petits Riens de Trondheim qui étaient une de mes grandes influences à l’époque.
- La découverte de L’Ascension du Haut-Mal me donne envie d’expérimenter plus fortement graphiquement. À cela on peut associer les travaux de Blain ou Blutch, ainsi que mes nombreuses lectures d’ouvrages d’analyse spécialisés en bande-dessinée qui m’ont donné envie de travailler sur les codes graphiques du médium.
- Un grave crise dans mon collège me donne envie d’écrire Salle des Profs.
- Mes lectures d’autobiographie de jeunesse d’auteurs me donnent envie d’écrire L’Éveil des Sens. D’abord initié par la lecture du Petit Christian de Blutch, les travaux de Fabrice Tarrin me redonneront l’envie et les codes graphiques pour mener à bien le projet.
- La lecture de bande-dessinée plus classiques me donnent envie de mieux exploiter les possibilités de composition de planches et de sortir du format « blog » avec des cases ouvertes.
Pour conclure, mon dernier projet en date s’appelle La Cure de Jouvence. C’est prévu comme une série de fantasy dans un monde imaginaire. C’est pour moi un projet complètement fou en plusieurs tomes. Il m’a été inspiré par la série Azimut de Lupano et Andréae, un de mes derniers chocs graphiques et narratifs. Être amateur, c’est aussi pouvoir changer au grès des envies.
Enfin, avec des projets qui, actuellement, me prennent 3 à 4 ans à réaliser, il est évident que je finis lessivé avec une véritable envie de faire autre chose, tout simplement ! Si Jotunheimen ne m’avait pris qu’un an à dessiner, j’aurais certainement eu beaucoup plus d’envie d’en faire une suite dans la foulée…
Et qu’en est-il du huitième péché capital ?
La seule chose que j’envisage serait de le confier à un autre dessinateur.
Bonjour Belzaran,
Avant toute chose,
Je voulais encore te féliciter pour tout le travail que tu as accompli et particulièrement pour Jotunheimen. J’ai vraiment beaucoup aimé cette histoire.
Je comprends aussi le fait que tu veuilles te projeter vers d’autres projets mais j’aurai vraiment aimé voir un Tome 2 avec Alexis et Laura.
Peut être as-tu besoin d’aide dans le scénario ? Trouver des idées pour une nouvelle histoire ou autre ?
Je te je te demande d’y réfléchir encore car je pense que beaucoup de personnes aimeraient voir la suite des aventures (et moi le premier !).
Je serais même prêt à t’aider si tu le souhaites.
Cordialement,
Fenixous
Merci pour ton commentaire et ta proposition d’aide Pino. Jotunheimen a été pensé comme un one-shot et je pense que c’est très bien comme ça. Le blues des personnages donne l’impression qu’un tome 2 pourrait exister, mais c’est factice.