Le Naturalisme

Depuis que je peins à l’acrylique, j’ai commencé à développer un style reconnaissable. Cependant, il m’a toujours été difficile d’y mettre un nom. Certes, j’ai quelques peintres favoris, mais j’avais envie de trouver un mouvement qui puisse être une source d’inspiration, et ne pas uniquement citer des techniques picturales (comme le clair-obscur). Or, une série de peintres du XIXème siècle a, au cours des années, retenu mon attention. Ce mouvement, c’est le mouvement naturaliste.

Le naturalisme vise à reproduire une réalité dite objective, voire sociale, plutôt qu’à peindre des scènes historiques, allégoriques ou mythologiques. Il est parfois confondu avec le réalisme avec lequel il a de nombreux points communs (un article complet sur le sujet).

Les foins, Bastien-Legage
Une des peintures les plus citées pour parler de naturalisme.

On y retrouve beaucoup de français influencés par l’œuvre de Zola. Cependant, j’ai été davantage touché par les peintres étrangers. Ces derniers sont des peintres qui ont eu du succès de leur temps, mais n’ont pas fait partie de l’avant-garde (impressionnisme et consorts). Ainsi, ils ont été mis de côté longtemps, sauf dans leur propre pays. J’ai découvert trois de ces peintres lors des expositions au Petit Palais de Paris qui les réhabilite régulièrement.

J’ajoute que j’ai un amour particulier pour la peinture nordique et que je lui ai rendu honneur lors de l’écriture de ma novella Le Sauna. Je ne parlerai cependant ici que des peintres qui influencent ma façon de peindre et mes sujets. Je laisse donc de côté les peintres de paysages par exemple, car j’en ai peu réalisés.

Pour terminer, ces analyses concernent mes peintures à l’acrylique et non pas celles à l’aquarelle qui subissent d’autres influences.

Anders Zorn

Je vous ai déjà parlé de ce peintre. Je l’ai découvert lors d’une exposition au Petit Palais où ses peintures à l’aquarelle qui ressemblaient à des huiles m’avaient subjuguées. Ses baigneuses avaient également rencontré mon enthousiasme.

Jeux d’été, Anders Zorn
Ceci est une aquarelle…

Zorn a eu beaucoup de succès comme portraitiste (notamment à Paris). Il a fini très riche et était très demandé en son temps. Aujourd’hui, le musée d’Orsay possède des toiles de lui qu’il n’expose pas… Chose intéressante : Zorn a donné son nom à ce que l’on appelle la palette Zorn, une palette de seulement quatre couleurs pour peindre un tableau complet.

Peinture réalisée avec cette palette limitée.

J’ai tellement apprécié Zorn, que je me suis rendu en pleine campagne suédoise, à Mora, pour visiter le musée qui s’est créé dans son ancienne maison. Nouveau coup de cœur, sur sa touche cette fois-ci, que ce soit à l’huile, à l’aquarelle ou en gravure. Depuis, c’est sans doute devenu mon peintre préféré.

Dans les bois, Anders Zorn

Dans cette peinture, Dans les bois, on sent la similitude avec mes sujets. Une femme, seule, de dos, le visage à peine esquissé.

Albert Ederfelt

De la même façon, j’ai découvert Ederfelt au Petit Palais. Là encore, les toiles étaient de toute beauté. Son tableau le plus connu (en France ?) est sans nul doute le portrait de Pasteur qui se retrouve dans de nombreux livres de SVT.

Louis Pasteur, Albert Ederfelt

Mais c’est son travail sur la lumière qui le rapproche de Zorn. Certainement une affinité liée à leur vie dans les pays nordiques (Ederfelt est finlandais). À la fois portraitiste et peintre d’histoire, il finira par peindre des tableaux patriotiques (la Finlande est alors une nation occupée par la Russie) même si ses portraits lui assureront la prospérité.

 Apprentis tailleurs dans un asile d’enfants, Albert Edelfelt 

La toile ci-dessus montre bien les ressemblances entre le travail de Zorn et d’Ederfelt. On retrouve aussi dans cette scène d’intérieur avec un clair-obscur et les lumières tranchées sur les visages, les mains et les vêtements ce que je cherche à reproduire dans mes peintures. Cependant, les sujets d’Ederfelt sont souvent assez loin des miens. Il a beaucoup peint des scènes avec de multiples personnages. Vu mes tailles de peinture, je ne peux simplement pas produire ce genre de scènes.

Service divin au bord de la mer, Albert Edelfelt
Un exemple de scènes de la vie finlandaise qu’il a pu peindre. 

Ederfelt a souvent été décrit comme un peintre qui faisait le lien en académisme et impressionnisme. C’est sans doute pour cela qu’il me parle.

Sorolla

J’ai découvert Sorolla en visitant le musée à son nom abrité dans son ancienne demeure à Madrid. Dès la première salle, j’ai senti l’affinité avec Zorn. Cela a été confirmé par les textes des cartels. Ses portraits en bord de mer notamment, incroyables dans leur touche et leur lumière, sont époustouflants. C’est un véritable peintre de la lumière, la lumière pleine et blanche.

Au-delà de la lumière, cette touche, très dynamique, me parle. Cela correspond à ce que j’aimerais atteindre. C’est un objectif et, par là-même, une inspiration.

Max Liebermann

Max Liebermann est un peintre allemand qui m’a marqué lors de mon périple allemand cet été où je l’ai croisé dans de nombreux musées. On retrouve cet entre-deux de l’époque. En effet, Liebermann a commencé comme peintre naturaliste, avant de s’ouvrir vers l’impressionnisme (sans adhérer vraiment), puis présider le mouvement de la Sécession berlinoise (et donc l’avant-garde).

Autoportrait, Max Liebermann
J’aime beaucoup la touche de cet autoportrait qui ressemble à ce que je cherche : tout semble grossier vu de près, mais de loin, le réalisme est saisissant.

Bien évidemment, ce sont plutôt les peintures naturalistes de Liebermann qui me parlent, comme celles d’enfants, d’ouvriers ou de paysans.

Schusterwerkstatt, Max Lieberman

On retrouve également chez lui des scènes de plage comme chez Sorolla ou Zorn. Ce n’est certainement pas mon peintre préféré de l’ensemble, notamment parce qu’il a eu une production d’une variété où tout ne me parle pas.

Garçons au bain, Max Liebermann

Edgar Degas

Si Degas est souvent cité comme impressionniste, c’est avant tout parce qu’il a participé à leurs expositions. Dans les faits, c’était très opportuniste de sa part car Degas n’est jamais allé aussi loin que les autres et a gardé un pied dans l’académisme. Il est donc dans cet entre-deux que j’affectionne. D’ailleurs, la définition de son style reste encore aujourd’hui problématique.

Degas, pour beaucoup, ce sont évidemment les danseuses. Un sujet qui, peint comme il le fait, rentre totalement dans une définition du naturalisme. Là aussi, immense coup de cœur lors d’une exposition au musée d’Orsay.

Danseuses, Degas
Dans ce tableau, on peut voir les points communs avec mes peintures : contre-jour, femme de dos ou de profil, femme à la fenêtre…

Si Degas n’a pas peint que des danseuses, il a beaucoup peint les femmes. Une affinité de sujet avec moi… J’aime beaucoup ses pastels aux couleurs douces.

Conclusion

Il est essentiel, en tant qu’artiste, non de se définir vis-à-vis des autres, mais de s’enrichir de leurs travaux. Depuis 10 ans, je sillonne les musées et les expositions, à Paris et ailleurs, et je sens combien celui m’inspire et me motive. J’ai commencé à me constituer une bibliothèque d’art et emprunte à la bibliothèque d’autres ouvrages. J’ai conscience d’avoir développé un style et je commence à me trouver des affinités avec d’autres artistes. En cela, je sens que je progresse.

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