Deuxième séance d’écriture. Le concept était de parler d’un objet et de par cet objet, raconter des souvenirs. L’idée de brocante a été évoquée, donnant une idée des attendus présupposés.
Qui n’a pas, adolescent, accordé trop d’importance au physique ? Il est si facile de céder aux sirènes de la ligne. Un beau sourire et l’amour change de camp. Nous avions passé tant de merveilleux moments ensemble, mais il avait suffi que d’un autre, plus beau, plus fin, plus élégant pour l’oublier. Je ne supportais plus ses rondeurs. J’avais craqué. Je m’étais acheté un écran plat.
Et pourtant, mon écran cathodique et moi prenions encore du plaisir ensemble. Peut-être ronflait-il un peu fort, mais quand je caressais son corps, c’était électrique. C’était électrique. Mes doigts en crépitaient. Vacances, week-end et mercredi après-midi… Nous ne nous quittions pas. Une véritable relation fusionnelle ! Ma mère, d’ailleurs, nous trouvait souvent trop proches. « Tu vas t’abîmer les yeux » me disait-elle.
Avec mon nouvel écran, tout est différent. Nous sommes plus distants. Souvent reste il silencieux. Et sa conversation est d’une platitude affligeante ! Et pourtant, tout le monde admire sa finesse. Sa grande résolution ! Mais il est tellement fragile que je n’ose le brusquer. Mon vieil écran, lui, il en avait vu d’autres ! Il avait survécu à trois unités centrales. Un jour de game over, mon frère l’avait attrapé et frappé contre le mur. Il en avait gardé des pixels morts. C’était un vétéran, solide comme le roc, mais trop vieux pour la guerre. Comment avais-je osé le débrancher ?
Aujourd’hui, dans les combles, avec mes journaux de Mickey, il doit me trouver bien ingrat. Je l’imagine discuter avec la Game Boy et le Monopoly de leurs belles années où ils étaient adulés. Au grenier, ils finissent leur existence. Maison de retraite de mon enfance.
Souvenir d’enfance commun a beaucoup d’entre nous 😉
Bravo pour cet écrit.
Merci !