Chercher le modèle

Aujourd’hui, je vous explique ma nouvelle façon de travailler les planches, en prévision de La Prépa. Pinceau, aquarelle et table lumineuse au programme !

La Prépa est un défi technique pour moi. À chaque projet, j’aime changer de façon de faire. Cela permet de progresser, mais aussi d’éviter la lassitude. Ainsi, un petit rappel de mes dernière réalisations permet de comprendre mes pulsions de changement :

  • Le Modèle Vivant : format A4, plume, noir & blanc
  • Salle des Profs : format A3, plume, aquarelle
  • L’Éveil des sens : format carré 21×21, plume, noir & blanc
  • Jotunheimen : format A3, plume, couleurs numériques
  • La Prépa : format A3, pinceau, aquarelle

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Autobiographie & psychalanalyse

Lorsque que l’on nomme son blog Tout à l’Ego, c’est que l’autobiographie est au centre de nos préoccupations. Outre un narcissisme exacerbé, je voue une véritable passion pour les autobiographies et plus encore pour les autofictions, que ce soit en bande-dessinée ou en littérature. Mais quel est l’impact réel sur l’auteur lorsqu’il écrit sur lui-même ou pire, sur ses proches ?

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Ouille ! Ca pique les yeux !

Tout à l’Ego fut ma première autobiographie. Basée sur l’anecdote du quotidien (comme la plupart des blogs de l’époque), mais également sur l’analyse de certains aspects de la vie, le but est avant tout humoristique. Déjà je m’amuse de l’impact que peut avoir la publication d’une planche, me permettant d’établir une vérité. Ainsi, l’allusion à mon anatomie démesurée deviendra un running-gag. Il y sera fait mention à plusieurs reprises et ce dans plusieurs projets différents !

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Mais l’humour a ses limites. Lorsque j’ai tenté de faire de Tout à l’Ego quelque chose de plus riche, avec notamment un peu d’émotion, ce fut un flop complet. Perturbés par la tristesse de certains propos, les lecteurs enchaînèrent les remarques grivoises… J’arrêtais alors cette série qui n’était plus du tout adaptée à ce que je voulais faire. D’ailleurs, en montrant ma face plus sombre, je commençais à me soucier de l’impact que cela pouvait avoir sur mes proches qui lisaient mes planches.

Le Modèle Vivant est la première oeuvre que j’ai pu écrire par nécessité. La première raison est purement artistique. Suite à la lecture de plusieurs ouvrages sur la bande-dessinée indépendante et à la découverte de L’Ascension du Haut-Mal de David B., je me remets en question. Est-ce que faire des petites planches blog BD sont vraiment ce que je veux faire en bande-dessinée ? N’ai-je pas plus d’ambition ? Très limité dans mon dessin, j’hésite à me lancer dans un projet lourd et difficile cependant. Mais perturbé dans un trop-plein d’auto-analyse, je ressens également le besoin de coucher le tout sur papier. Ainsi, lors de nuits blanches (classiques lors des moments d’émergence de nouveaux projets), je finis par me lever et écrire ce qui me trotte dans la tête. Trois jours plus tard, la première page est dessinée.

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Le Modèle Vivant est une projection de mon existence à plusieurs mois. Ainsi, le rapport entre mon existence fantasmée et la réalité fut une expérience enthousiasmante. Les problèmes de dédoublement entre le personnage et l’auteur donnèrent lieu à des situations assez cocasses. Mais aborder des sujets sérieux n’est pas évident lorsque l’on parle de soi. Ainsi se savoir lu par sa famille et ses amis pousse à s’auto-censurer. Même si je n’ai pas eu l’impression de limiter mon propos, j’avais bien conscience à la publication de certaines pages que cela pouvait heurter certaines personnes. Je n’ose même pas penser à ce que ça aurait été si j’avais eu des enfants ! A l’époque, vivre seul m’a permis d’éviter d’impliquer qui que ce soit d’autre.

Un impact inévitable sur l’entourage.

Malgré tout, l’impact existe quoiqu’il arrive. Quand le modèle dont est inspirée le personnage d’Émelyne se retrouve avec le livre en main et se voit dessinée, ce n’est pas facile à assumer (ndlr : dans la version papier, un croquis de modèle vivant réellement réalisé à l’atelier est montré). De même, le personnage de Cédric fut revendiqué par trois personnes ! Enfin, la badminton, baptisé dans la BD « paradis des fesses bien fermes » a eu son petit effet sur mes amis du club…

autobio3Le Modèle Vivant a clairement servi de thérapie (le mot est trop fort bien évidemment). C’est avant tout une oeuvre d’analyse qui m’a permis de prendre beaucoup de recul. J’ai surtout pleinement apprécié de jouer avec la réalité. D’où l’écriture de Salle des Profs dans la foulée, qui malgré son aspect autobiographique (puisque tout est vrai) est évidemment romancé. Et signe que tout allait mieux : ce nouveau projet était basé sur l’humour et était… en couleur !

Ce plaisir de l’auto-fiction continuera avec What About Sex ? publié lors des 23 heures de la BD. L’histoire, créée de toute pièce, fait quand bien même intervenir le personnage du lapin, mettant évidemment une ambiguïté sur tout ce qui peut y être raconté.

Salle des Profs est également né d’une nécessité, bien que tout autre que pour Le Modèle Vivant. Cela faisait longtemps que je voulais parler de mon métier, mais je ne trouvais pas de point d’accroche en salle de classe. Je me suis aperçu que j’avais bien du mal à utiliser les anecdotes du quotidien de collège pour écrire (bien que je le fasse sans mal à l’oral). Il y manquait une analyse, un fil rouge pour que cela me motive. Clairement, je ne voulais pas tomber dans un Tout à l’Ego au collège. C’est finalement mon retour en établissement qui m’a donné envie d’écrire sur mes collègues plus que sur mes élèves. Je partais sur un principe de chapitres (hérité de L’Éveil des Sens) qui me permettait de construire une analyse et pas seulement des anecdotes.

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Au départ, je considère Salle des Profs avec un peu de dédain. Après toutes les exigences que j’avais mises dans Le Modèle Vivant, je trouve ce nouveau projet peu ambitieux. Je le démarre d’ailleurs sans trop savoir où je vais. Mais force est de constater qu’il correspond à mon plus grand succès sur la toile. A l’époque, je culmine à 500 visiteurs lors d’une publication, les commentaires sont nombreux, je dessine pour Vie de Merde et je vends plus de livres que précédemment, le prix étant pourtant plutôt élevé. J’aurais même droit à un coup de cœur chez The Book Edition ! De plus, de nombreux lecteurs insisteront beaucoup sur la qualité du projet et sur son potentiel éditorial. Le décalage entre mon ressenti et celui de mes lecteurs n’avait jamais été aussi grand !

Cependant, Salle des Profs est aussi le début des angoisses. Autobiographique, j’ai peur que le tout soit découvert par les profs et/ou les élèves. En cela, assumer au près des proches était finalement beaucoup plus simple… Malgré tout, j’ai fini par être convaincu par le potentiel du projet et travaille sur un version plus aboutie afin de la proposer à l’édition.

Assumer l’enfance, un défi plus facile à relever ?

Dernier cas d’autobiographie, L’Éveil des Sens est selon moi, depuis toujours, mon projet le plus fort. Démarré très tôt, il a pu mûrir et est un savant mélange d’émotion, de tendresse et d’humour. Construit sur une trame chronologique découpée en chapitres, il est facile à assumer dans le sens où tout ce qui arrive se passe pendant mon enfance. Ainsi, il est facile de se cacher derrière un « j’étais un enfant à l’époque ».

Imaginons que ce soit un adulte qui fasse cela... Difficile à assumer, non ? Pourtant Victor Hugo le faisait !
Imaginons que ce soit un adulte qui fasse cela… Difficile à assumer, non ? Pourtant Victor Hugo le faisait !

Déjà, alors que je prépare le tome 2 sur l’adolescence, je vois pointer tous les problèmes liés à l’arrivée de la sexualité (notamment l’onanisme, puisque l’on parle du collège). Cependant, la réussite d’une autobiographie réside parfois dans cette capacité à raconter la réalité (ou du moins celle retenue dans nos souvenirs) et de ne pas trop la travestir. N’est-il pas formidable d’entendre un lecteur me dire qu’une scène n’est pas possible alors que je l’ai vécue ?

Écrire une autobiographie, c’est s’analyser. Écrire une autofiction, c’est jouer avec la réalité. Deux façons de faire, deux plaisirs différents. Mais derrière toutes ces choses à assumer, reste la possibilité de la fiction. Et déjà, les problèmes surgissent aussi… Ainsi, un camarade d’atelier BD m’a dit : « tu peux m’aider à dessiner des coiffures de femmes, toi tu ne dessines que des nanas ! » Comme quoi, il faut accepter d’être jugé pour nos œuvres, qu’elles soient autobiographiques ou non…

Eveil des Sens – Présentation

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Les lecteurs de la newsletter et les plus anciens adeptes de ce blog connaissent bien L’Éveil des Sens. Démarré en mars 2011, il connu 18 pages réalisées en un peu moins de six mois. Persuadé de tenir un projet qui tient la route, je me mets alors à rédiger un dossier pour les éditeurs. Lors de cette réalisation, je m’aperçois alors que mon niveau graphique est insuffisant et que cette bande-dessinée mérite d’être mûrie.

Au printemps 2012, je réalise des planches pour le fanzine P.A.M.P., modifiant le style des personnages en passant en animalier. L’été venu, je retravaille mon scénario et accouche d’une bonne quarantaine de pages, plus riches et fluides. Je veux alors écrire de nouveau un projet pour les éditeurs. Mais c’est encore trop tôt. Bloqué par l’enjeu, je me lancer alors dans Le Modèle Vivant, qui me permet de terminer ma première bande-dessinée « longue ».

Il est donc temps pour moi de reprendre ce projet à bras le corps. J’ai mûri dans mon dessin et dans ma narration, j’espère pouvoir enfin le mener à bout. Voilà quelques caractéristiques de travail :

  • Le projet sera dessiné sur un format A3. Depuis plus d’un an, je dessinais exclusivement en A4.
  • Le projet sera dessiné au pinceau. C’est un vrai défi car je n’ai dessiné au jour d’aujourd’hui que 5 planches au pinceau !
  • Le projet restera en noir et blanc. Je n’aime pas mes couleurs, alors inutile de gâcher les planches avec.
  • Les planches seront plus soignées. Je reviens à des textes correctement alignés et à des perspectives qui ne sont pas réalisées au feeling.

Vous pouvez lire les premières planches ICI. Évitez de le faire si vous voulez garder la surprise… Les planches ne seront pas à l’identique, même pour les textes puisque j’ai retravaillé le scénario, mais ça donne une (très) bonne idée de l’ambiance de cette BD !

What about Sex ?

Pour la troisième année consécutive, je suis Lapin d’Or ! Je suis parvenu à dessiner 23 planches et une couverture en 23 heures selon les contraintes suivantes :

  • pas plus de 3 pages en « pleine page » (c’est-à-dire avec une seule case)
  • le thème est la cohabitation
  • un personnage devra porter un chapeau ridicule.

Il m’aura fallu un peu de plus de 18 heures pour arriver au bout, mais également :

  • trois plumes
  • une bouteille de limonade
  • un paquet de café
  • un paquet de biscuit (format familial)
  • une demi-boîte de Ferrero Rocher
  • une pizza 4 fromages (qui apparaît en guest dans la BD)
  • une bière

Je vous laisse avec cette BD. C’est évident plein d’erreurs, tant dans le scénario que dans le dessin et j’espère que l’ensemble se tient. Prenez bien en compte les craquages cérébraux à 4 heures du mat’ pour certains dialogues.

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