Refaire une case est toujours désagréable, surtout quand elle a été encrée et colorisée ! Mais c’est parfois nécessaire. Dans le cas de Jotunheimen, j’avais réalisé la première case de l’album, avant tout pour me rassurer sur ma capacité à dessiner une grande case de décor urbain. Lors de la réalisation de cette première page, la question s’est donc posée : fallait-il refaire cette case ? La réponse : oui !
Tout d’abord, une petite comparaison entre les deux cases. Elles ont été réalisées sur le même format et le même type de papier.
Ce qui marque ici, c’est la finesse de l’encrage pour la deuxième version, notamment sur les fenêtres du ministère. Mais la composition elle-même est différente. Ainsi, la bâtiment prend plus de place, tant horizontalement que verticalement. Il donne bien plus l’impression d’avancer sur la Seine, tout comme le viaduc à droite, moins fuyant.
On voit bien avec la superposition des cases cette composition légèrement différente. La case est également plus haute, pour des raisons de mise en page. C’est aussi la différence entre faire une case isolée et l’intégrer réellement dans une planche !
C’est alors l’occasion de retravailler le bâtiment et d’ajouter des détails. Je souhaitais d’abord corriger le problème des « pieds », qui avaient une perspective suspecte. En suite, j’ai détaillé différents éléments, donnant un peu plus de volume et de profondeur à l’ensemble. Ce n’était pas énormément de travail, mais, satisfait du premier essai, je savais que j’allais y arriver et j’ai donc pu corriger les endroits trop simplistes.
J’en ai profité pour ajouter le viaduc du métro, qui donne un peu plus d’identité à la page et un détail typique de Paris supplémentaire. Cela intègre mieux le pont qui vient ensuite et le métro correspondant.
Maintenant que je sais mettre des oiseaux dans les pages, je ne m’en suis pas privé… Trois niveaux de profondeur ici.
J’en ai profité pour essayer d’avoir un encrage plus intéressant. Outre la finesse de certains traits, j’ai ajouté une barrière en haut à gauche, j’ai affiné l’ombre à la fin de la passerelle pour mieux définir le volume et ai changé complètement ma façon d’encrer les pieds du bâtiment pour donner plus de volume et plus de noir aussi. Sous le pont, l’ombre sur le quai donne du volume au quai.
Vu la nouvelle construction de la case, il paraissait plus intéressant d’écrire le texte sur deux lignes plutôt qu’une. Cela permet de mieux utiliser l’espace en haut à droite.