Pour le dernier atelier d’écriture de l’année, le thème était de rendre une expression idiomatique réelle. Ces expressions imagées, typiques d’une langue, ont été notamment rendues tangibles chez Boris Vian qui aimait jouer avec.
Pour cet atelier, nous avons eu droit à… 20 minutes d’écriture. Il ne fallait pas traîner.
Un soir, je remarquai une tâche sombre sur le mur. Je m’approchai et tâtai la tapisserie. Il y avait un creux derrière. Pas plus d’un centimètre de diamètre. Après tant d’années, je ne l’avais jamais repéré. J’espérai que le mur ne s’effritait pas soudainement ou que des cafards cherchaient à se frayer un chemin. Intrigué, j’allais me coucher et le lendemain, j’avais déjà oublié cette histoire. Mais quelques temps après, je m’aperçus que le trou s’était agrandi. La tapisserie s’était déchirée et laissait apparaître le plâtre derrière. Je touchai l’endroit. C’était lisse et vaguement humide, presque organique. Sûrement une infiltration d’eau, me dis-je alors. Le lendemain, des boursouflures avaient d’ailleurs fait leur apparition. Je déchirai la tapisserie pour mieux évaluer les dégâts. Je m’arrêtai net.
Une oreille.
Une oreille sortie du mur. Une oreille vivante, vibrante qui se tendait vers mois pour mieux m’écouter. Ce monstre se cachait pour m’espionner ! Mais qui était au bout de cet organe, captant à chaque instant mes discussions ? M’entendait-il pleurer, gémir et rire ? Mon existence, aspirée par l’oreille, n’avait plus de secrets à garder.
J’attrapai le marteau et frappait encore et encore le placo. La poussière et le plâtre éclaboussèrent la pièce. Au sol, de fines traces de sang. En face de moi, le trou béant dans mon mur. Je pouvais y voir ma chambre. Au-dessus de mon lit, un œil me regardait, effrayé.